- culture
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1 ♦ Action de cultiver la terre; ensemble des opérations propres à tirer du sol les végétaux utiles à l'homme et aux animaux domestiques. ⇒ agriculture. Culture d'un champ, d'un verger, d'une exploitation. Travaux de culture. ⇒ agricole. Mettre une terre en culture (opposé à en jachère) . — Pays de petite, de moyenne, de grande culture. Culture familiale. — Culture irriguée. Culture sèche. Culture mécanique. ⇒ motoculture. Culture biologique. Culture en serre. — Culture hydroponique. ⇒ aquaculture.2 ♦ Au plur. Terres cultivées. L'étendue des cultures. « Fermes, coteaux, cyprès, cultures, routes étroites » (Bosco).3 ♦ Action de cultiver (un végétal). ⇒ agrumiculture, arboriculture, céréaliculture, floriculture, horticulture, oléiculture, sylviculture, viticulture. Culture des céréales, de la vigne; culture fruitière, culture maraîchère. Cultures tropicales. Culture hâtée, forcée. ⇒ forçage. Culture intensive; culture extensive. — Culture alterne ou rotation de culture. ⇒ assolement. Culture d'un, de plusieurs produits. ⇒ monoculture, polyculture.♢ Par anal. Élevage de certains animaux fixés. Culture des moules (⇒ mytiliculture) , des huîtres (⇒ ostréiculture) , des coquillages (⇒ conchyliculture) . ⇒aussi élevage. Culture des moules sur bouchots. — Par ext. Perles de culture.II ♦ (1878) Culture microbienne (ou bactérienne) :méthode consistant à faire croître des micro-organismes en milieu approprié; les micro-organismes ainsi obtenus. Bouillon de culture (⇒aussi hémoculture ) . — Culture de tissus, de cellules : maintien en vie et multiplication de cellules provenant d'un fragment de tissu, obtenus artificiellement sur des milieux nutritifs adéquats (⇒ explant) . Mettre des tissus en culture. Culture d'embryons in vitro. ⊗ CONTR. Friche, jachère. culture 2. culture [ kyltyr ] n. f.• v. 1550; de 1. culture1 ♦ (v. 1550) Développement de certaines facultés de l'esprit par des exercices intellectuels appropriés. Par ext. Ensemble des connaissances acquises qui permettent de développer le sens critique, le goût, le jugement. ⇒ connaissance, éducation, formation, instruction, 2. savoir. « La culture, c'est ce qui reste quand on a tout oublié » (Herriot). Une vaste, une solide culture (⇒ cultivé) . Culture livresque. ⇒ érudition. Accès à la culture. Un esprit sans culture. — (Dans un domaine particulier). Culture philosophique, littéraire, scientifique, artistique. Culture classique. ⇒ humanités. Culture générale, dans les domaines considérés comme nécessaires à tous (en dehors des spécialités, des métiers). — Maison de la culture. Ministre de la Culture. — Culture de masse, diffusée au sein d'une société par les médias et correspondant à une idéologie. — Culture et contre-culture.2 ♦ Ensemble des aspects intellectuels propres à une civilisation, une nation. La culture gréco-latine. Culture occidentale, orientale. La culture française. Échanges entre cultures différentes (⇒ interculturel, transculturel; multiculturel) .3 ♦ Didact. Ensemble des formes acquises de comportement, dans les sociétés humaines. ⇒ culturel (2o); culturalisme. Nature et culture. Cour. Culture d'entreprise. Culture d'un gouvernement.4 ♦ CULTURE PHYSIQUE : développement méthodique du corps par des exercices appropriés et gradués. ⇒ culturisme, éducation (physique), gymnastique. Culture physique en groupe. « La culture physique semblait depuis quelque temps devoir le dispenser du régime » (Romains).⊗ CONTR. Ignorance, inculture.culturen. f.rI./rd1./d Action de cultiver la terre, travail visant à la rendre productive. Encourager la culture. Pays de grande, de petite culture. Culture mécanique.|| Culture sèche: Syn. (off. recommandé) de dry-farming, ensemble de techniques culturales appliquées dans les régions semi-arides pour éviter au maximum l'évaporation (ameublissement poussé du sol, permettant une bonne pénétration des eaux pluviales).d2./d Action de cultiver (tel végétal). La culture du café.d3./d (Plur.) Terres cultivées. Marcher dans les cultures.d4./d BIOL Culture de tissus: technique de laboratoire qui consiste à faire vivre des tissus animaux ou végétaux sur des milieux synthétiques.— Bouillon de culture.rII./r Fig.d1./d Développement des facultés intellectuelles. La culture de l'esprit.d2./d Ensemble des connaissances acquises par un individu. Avoir une culture étendue. Culture générale. Culture littéraire, scientifique. Culture classique.|| Culture de masse, répandue par les techniques de diffusion massive (mass media: télévision, radio, presse, cinéma) au sein de la masse sociale.d3./d Ensemble des activités soumises à des normes socialement et historiquement différenciées, et des modèles de comportement transmissibles par l'éducation, propre à un groupe social donné. Chaque société a sa propre culture. Rencontre, dialogue des cultures.d4./d Culture physique: gymnastique.⇒CULTURE, subst. fém.I.— Traitement du sol en vue de la production agricole.A.— Gén. au sing., absol. Ensemble des travaux et techniques mis en œuvre pour traiter la terre et pour en tirer des produits de consommation. Celui qui s'occupe des soins de la culture, des combinaisons de l'irrigation, de l'éducation de pépinières, de l'inspection d'un grand jardin (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 3, 1801, p. 245). Son rêve de grande culture dans un coin des Landes, le défrichement de plusieurs lieues carrées, (...) la conquête d'une nouvelle terre (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 171). Au mois d'août les travaux de la culture retiennent aux champs les villageois (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 138).SYNT. a) Culture + adj. culture extensive, intensive. b) Adj. + culture : moyenne, petite culture. c) Subst. + prép. + culture : instrument, mode, système, technique, type de culture.♦ Chef de culture. Cultivateur ou technicien responsable de la mise en valeur de la terre et de l'exploitation des produits du sol. Chef de culture allemand qui dirigeait la ferme Lacombe (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 20).B.— Mise en valeur d'une terre d'étendue variable, destinée à la production agricole. Culture d'un champ, d'un jardin, d'un verger; aire, terrain de culture; terre en culture. Elle dirigeait en personne la culture de ses terres (ZOLA, Terre, 1887, p. 39). Il a combiné la culture du sol avec l'élevage des animaux (LOWIE, Anthropol. cult., 1936, p. 44).— Loc. Mettre en culture (une terre, etc.). Exploiter (une terre, etc.) en vue de la production agricole. Mise en culture. Les pâturages et les marais ont été mis en culture (ROBESP., Discours, Restit. biens communaux, t. 6, 1790, p. 221). L'exécution d'un programme étendu de répartition des terres et de mise en culture (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 454).— P. méton., gén. au plur. Étendue de terre mise en culture. Une échappée à travers la plus fraîche culture dont la rivière Currah animait le fond (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 96). Le faubourg et ses vagues cultures semées de maisonnettes (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 359). Les champs s'élargirent en vastes cultures (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 257).♦ En partic., au sing. [Gén. suivi d'un nom propre] Terre mise en culture, désignée par le nom de son propriétaire ou terrain mis sous la protection d'un saint éponyme. Poinsot est né rue Culture Sainte-Catherine (MICHELET, Journal, 1821, p. 167). Sainte-Catherine avec son immense culture, qui n'était bornée que par la muraille de Paris (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 154).C.— Ensemble des soins appropriés par lesquels on assure et éventuellement améliore la production d'un végétal. Cette seconde inondation (...) aurait été réservée (...) à la culture du coton, de l'indigo, du café, du tabac, de la canne à sucre (DU CAMP, Nil, 1854, p. 27). Les parcelles de terre (...) qui permettent la culture des céréales ou la plantation de l'olivier (Encyclop. éduc., 1960, p. 240).SYNT. a) Culture + adj. : culture céréalière, fourragère, fruitière, maraîchère, vivrière; culture forcée, hâtée; cultures alternes, dérobées, nettoyantes. b) Culture + prép. + subst. : culture de la betterave (à sucre), de la vigne, du blé, du maïs, des plantes.— P. métaph. :• 1. La duchesse t'appartient-elle? En ce cas, je n'aurai rien à dire. Allons, fais-moi tes confidences. Il s'agit de ne pas perdre ton temps à greffer ta belle âme sur une nature ingrate qui doit laisser avorter les espérances de ta culture.BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, p. 283.— P. méton., gén. au plur. Productions végétales, qu'on tire de la terre. Répartition, rotation des cultures. Les collines (...) sont chargées de cultures mélangées : olivier, vigne et blé (JOUVE, Paulina, 1925, p. 253).D.— P. ext. Entretien et exploitation des qualités d'un être vivant, à des fins utilitaires ou esthétiques.1. Action d'élever certaines espèces animales dans un milieu qui favorise leur croissance ou p. ext., de développer leurs productions naturelles. Culture marine; culture des perles; perles de culture. Un mémoire sur la culture des vers à soie (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 34).2. En partic., BIOL. EXP.a) Technique permettant de faire vivre et proliférer des microbes dans un milieu nutritif approprié. Culture microbienne; culture de bacilles; bouillon de culture. Il s'est préoccupé (...) d'améliorer les milieux destinés à la culture du bacille diphtérique et du bacille tétanique (Ce que Fr. a apporté à méd., 1946, p. 43).b) Technique permettant d'assurer en milieu artificiel la survie et le maintien des fonctions de fragments de tissu vivant (prélevés dans une asepsie rigoureuse); p. méton. ensemble des fragments tissulaires ainsi développés :• 2. Fischer place côte à côte dans le milieu de culture un fragment du voile leucocytaire et un morceau de muscle mort. Les monocytes envahissent le muscle. Après quelques repiquages, on voit émigrer du muscle quelques fibroblastes. Si l'on pourvoit alors abondamment la culture de jus embryonnaire, on obtient en peu de temps une culture de fibroblastes typiques.J. VERNE, La Vie cellulaire hors de l'organisme, 1937, p. 61.— Loc. Mettre en culture. Vie cellulaire « in vitro ». Lorsque l'on met en culture des fragments de tissus embryonnaires, ... (J. VERNE, La Vie cellulaire hors de l'organisme, 1937 p. 3).3. Culture physique. Pratique des exercices et mouvements propres à assurer le développement harmonieux du corps et son entretien. Les « équipements-santé », les terrains propres à la culture physique et au sport quotidien de chacun (LE CORBUSIER, Charte Ath., 1957, p. 23). Une séance-démonstration de culture physique d'entretien (Jeux et sp., 1968, p. 1232).Rem. Pour les composés du type apiculture, aviculture, horticulture, monoculture, motoculture, pisciculture, polyculture, viticulture, etc., se reporter à l'ordre alphabétique.II.— Au fig. Fructification des dons naturels permettant à l'homme de s'élever au-dessus de sa condition initiale et d'accéder individuellement ou collectivement à un état supérieur.A.— Ensemble des moyens mis en œuvre par l'homme pour augmenter ses connaissances, développer et améliorer les facultés de son esprit, notamment le jugement et le goût.1. Absol. Travail assidu et méthodique (collectif ou individuel) qui tend à élever un être humain au-dessus de l'état de nature, à développer ses qualités, à pallier ses manques, à favoriser l'éclosion harmonieuse de sa personnalité. Culture et personnalité; accès à la culture; croissance, diffusion de la culture; foyer de la culture. Cette idée de la culture en action et qui devient en nous comme un nouvel organe, une sorte de souffle second (ARTAUD, Théâtre et double, 1938, p. 12) :• 3. Ne comprenant pas que l'effort pour parfaire la nature de l'homme par un processus lui-même conforme aux profondes exigences de celle-ci, je veux dire par la perfection intérieure d'une certaine sagesse de connaissance et de vie, doit toujours être son effort principal, la culture se propose avant tout de maîtriser la nature extérieure et de régner sur elle par un processus technique, ...MARITAIN, Humanisme intégral, 1936, p. 40.— En partic. Maison de la culture. Institution municipale où, avec l'assistance d'animateurs, on peut s'adonner à des activités intellectuelles, artisanales ou artistiques, propres à enrichir la personnalité. Si les antifascistes d'aujourd'hui avaient un peu de sens poétique, n'est-ce pas « Sertorius » que l'on jouerait dans ces maisons de la culture qu'ils ont mises à la mode? (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 383).Rem. Culture prend parfois un sens péj. lorsqu'il s'oppose à nature et évoque le caractère normatif, contraignant de l'éducation sociale, des idéologies régnantes :• 4. Quant à l'égotisme à la Stendhal, il implique une croyance, la croyance à un moi-naturel dont la culture, la civilisation et les mœurs sont ennemies. Ce moi-naturel nous est connu, et ne peut nous être connu que par celles de nos réactions que nous jugeons ou imaginons primitives et véritablement spontanées. Plus ces réactions nous paraissent indépendantes du milieu social, et des habitudes, ou de l'éducation qu'il nous a données, plus précieuses et authentiques sont-elles pour l'égotiste.VALÉRY, Variété II, 1929, p. 93.2. [Le compl. désigne un individu considéré dans sa nature intellectuelle et morale] Activité qui permet à l'homme de développer, épanouir certaines composantes de sa personnalité.a) [Le compl. désigne des facultés intellectuelles, artistiques, etc.] En Angleterre, la culture de l'esprit et la morale sont presque toujours réunies (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 378). Une délicatesse de sensibilité, une culture du goût littéraire peu compatibles avec la sécheresse de nos études habituelles (COURNOT, Fondem. connaiss., 1851, p. 325) :• 5. Il [le philosophe Ravaisson] demande que, dans l'instruction primaire, la culture de l'imagination occupe la première place et (...) il dit que l'enfance et la jeunesse devraient être nourries dans le culte de la plus haute beauté, ...BARRÈS, Mes cahiers, t. 3, 1902-04, p. 159.b) [Le compl. désigne des sentiments] :• 6. ... je comprenais que seul le dégoût préventif à l'égard de la vie nous garantit de toute déception, (...) il fallut la révélation de Jersey, pour que je prisse le courage de me conformer à ces vérités soupçonnées, et de conquérir par la culture de mes inquiétudes l'embellissement de l'univers.BARRÈS, Un Homme libre, 1889, p. 19.— Péj. Développement artificiel et excessif de sentiments qui compromettent l'équilibre de la personnalité, complaisance coupable à leur égard. Culture de la haine, de la passion. La culture de mes émotions fut mauvaise (GIDE, Journal, 1893, p. 38) :• 7. L'emploi systématique de la terreur en éducation (...) peut le [l'enfant] fixer pour la vie dans l'affectivité saignante et douloureuse de l'émotif. Avec des natures sensibles, l'usage abusif du croquemitaine, des menaces obscures (...) peuvent aboutir au même résultat en opérant chez l'enfant une véritable culture de la peur, ...MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 242.3. P. ext. [Le compl. désigne un domaine d'activité intellectuelle, artistique, etc.] Pratique, perfectionnement de certains modes de connaissance ou d'expression. Il règne dans la culture des sciences un désordre trop peu senti (...) celui d'être presque toujours cultivées séparément (MARAT, Pamphlets, Charlatans mod., 1791, p. 267). Une vieille famille où la culture enthousiaste des lettres et des arts avait donné un peu d'air aux traditions aristocratiques (PROUST, Sodome, 1922, p. 945).B.— P. méton. Bien moral, progrès intellectuel, savoir à la possession desquels peuvent accéder les individus et les sociétés grâce à l'éducation, aux divers organes de diffusion des idées, des œuvres, etc.1. Absol. Ensemble de connaissances et de valeurs abstraites qui, par une acquisition généralement méthodique, éclaire l'homme sur lui-même et sur le monde, enrichit son esprit et lui permet de progresser :• 8. Les préoccupations dominantes semblent être de donner aux enfants une culture disputée entre la tradition dite classique, et le désir naturel de les initier à l'énorme développement des connaissances et de l'activité modernes. (...) Je n'hésite jamais à le déclarer, le diplôme est l'ennemi mortel de la culture.VALÉRY, Variété III, 1936, p. 275.2. [Construit avec un adj. ou un compl. d'obj. dir.] Qualité, compétence que la possession d'un savoir étendu et fécondé par l'expérience donne à une personne ou à une société dans un domaine de connaissances particulier, à une époque ou dans un lieu déterminé.a) [L'adj. ou le compl. d'obj. dir. désigne un/des domaine(s) de connaissances ou un degré quantitatif, qualitatif] Le sens fin du ridicule ne suffit pourtant pas à remplacer la culture artistique, morale, religieuse, scientifique, les voyages, les idées, et tout le bagage d'une forte éducation spirituelle (AMIEL, Journal, 1866, p. 130) :• 9. L'oubli occupe une large place dans l'éducation scientifique de l'individu. Une foule de données spéciales, apprises plus ou moins péniblement, tombent d'elles-mêmes de la mémoire; il faut pourtant se garder de croire que pour cela elles soient perdues. Car la culture intellectuelle qui est résultée de ce travail, la marche que l'esprit a accomplie par ces études, demeurent; et cela seul a du prix.RENAN, L'Avenir de la sc., 1890, p. 238.• 10. C'était un de ces hommes qui, en dehors d'une carrière scientifique où ils ont d'ailleurs brillamment réussi, possèdent une culture toute différente, littéraire, artistique, que leur spécialisation professionnelle n'utilise pas et dont profite leur conversation.PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 67.SYNT. Culture livresque, musicale; culture marxiste, socialiste, culture élémentaire, encyclopédique, étendue; grande, profonde; solide culture; degré, niveau, vernis de culture.♦ Culture générale. Ensemble des connaissances de base dans les domaines intellectuels considérés comme importants par la société en place, qui précède la spécialisation et correspond à un niveau d'instruction secondaire. On peut être illettré (...) et posséder un don particulier qu'aucune culture générale ne remplace (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 433). Je ne veux point les dernières découvertes; cela ne cultive point; cela n'est pas mûr pour la méditation humaine. La culture générale refuse les primeurs et les nouveautés (ALAIN, Propos, 1921, p. 221).b) [L'adj. ou le compl. d'obj. dir. désigne un peuple ou une classe soc.] Culture nationale, populaire. Mettre ici au courant de l'ensemble de la culture allemande (J.-J. AMPÈRE, Corresp., 1826, p. 407). L'opposition du XIXe siècle entre culture ouvrière et culture bourgeoise semble (...) s'estomper (DUMAZEDIER, RIPERT, Loisir et cult., 1966, p. 302) :• 11. Chacun apportait des richesses immenses, dont lui-même jusque-là n'avait pas pris conscience : le trésor moral de son peuple; Olivier, la vaste culture et le génie psychologique de la France; Christophe, la musique intérieure de l'Allemagne et son intuition de la nature.ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, p. 944.— SOCIOL. Culture de masse. ,,Sous le nom de « culture de masse », on a ainsi décrit un ensemble de mythes, de notions, d'images, de modèles culturels assez rudimentaires qui sont répandus par tous ces organes et moyens de diffusion (la télévision, la radio, le cinéma, les magazines, la publicité). Cette culture de masse, que l'on a accusée de servir la société de consommation, de répandre le conformisme, (...) ou que l'on a inversement créditée d'une élévation dans les habitudes de vie et de pensée de la classe populaire, se développerait en dehors des circuits traditionnels de l'éducation scolaire ou universitaire`` (Sociol. 1970, p. 71).c) [Avec déterminant référant à une époque ou à un peuple, le syntagme évoquant le patrimoine de connaissances et de valeurs (tirées des œuvres littér., philos., artistiques) propre à une ou plusieurs nations à un moment donné de leur histoire] Culture classique, moderne. Soldat qui dans le défaut de nos professeurs maintenez, défendez la culture. Français héritier de la culture antique et de la même culture française (PÉGUY, V.-M., Comte Hugo, 1910, p. 833). L'homme européen devait se libérer de la culture gréco-latine pour pouvoir comprendre la psychologie des primitifs (Hist. sc., 1957, p. 1460).Rem. À la faveur d'une ressemblance formelle, culture est parfois utilisé (mis entre guillemets ou glosé) pour le mot allemand Kultur qui désigne « un mode-système de vie », une « civilisation » (cf. MALRAUX, Voix sil., 1951, p. 617 : Pourquoi la théorie allemande des « cultures » (au sens de civilisations tenues pour des organismes autonomes et mortels) (...) a-t-elle rencontré une si grande fortune?). Les écrivains soucieux de l'usage classique distinguent ces concepts et évitent de confondre les termes qui les dénomment (cf. GUÉHENNO, Journal « Révol. », 1938, p. 165 : Comment n'aurions-nous pas cru sauver par nos éclats de voix la culture et la civilisation, puisque d'autres éclats de voix (...) les mettaient effectivement en péril?). À l'inverse, qq. aut., plus ou moins pénétrés par la philos. allemande ou sensibles aux traits que les 2 notions possèdent en commun, traitent ces mots comme des synon. (cf. civilisation B 2 a rem.) :• 12. Demandons-nous d'abord en quoi consiste ce qu'on appelle culture ou civilisation. On sait que les auteurs russes et allemands ont coutume d'opposer ces deux notions. Pour notre présente étude, nous pouvons les employer comme synonymes. Nous dirons que la culture ou la civilisation, c'est l'épanouissement de la vie proprement humaine, concernant non seulement le développement matériel nécessaire et suffisant pour nous permettre de mener une droite vie ici-bas, mais aussi et avant tout le développement moral, le développement des activités spéculatives et des activités pratiques (artistiques et éthiques) qui mérite d'être appelé en propre un développement humain.MARITAIN, Humanisme intégral, 1936, pp. 105-106.Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. I. [Ca 1150 colture « terre cultivée » (Pèlerinage Charlemagne, 318 ds T.-L.) — 1611, COTGR., spéc. en usage comme terme de dr. coutumier (DU CANGE, s.v. auca2, v. aussi GDF.), a subsisté dans certains dial. (v. FEW t. 2, p. 1504 a)]; XIVe s. culture (Gloss. B. N. fr. 7692, 2077, éd. M. Roques, t. 1, p. 301); 1. 1420 « action d'honorer, culte de quelque chose ou quelqu'un » (Complaincte des bons Françoys, 103, Héron ds R. Hist. litt. Fr., t. 8, p. 504) — XVIe s. ds HUG.; 2. 1509 [éd. 1540] « terre cultivée » (OCTAVIEN DE SAINCT-GELAYS, Énéide, 101 r° ds R. Hist. litt. Fr., loc. cit.); 1878 culture microbienne (Année sc. et industr., 302 ds QUEM.). II. 1. a) 1549 fig. culture de leur langue, culture employé absol. (en liaison avec fruict) (DU BELLAY, Deffence et Illustration, éd. H. Chamard, p. 25, p. 24); 1638 culture des bonnes lettres (PATRU, Oraison pour Archia ds RICH.); b) 1691 emploi abs. « formation de l'esprit par l'éducation » (LA BRUYÈRE, Caractères cité ds Ph. BÉNÉTON, Histoire de mots : culture et civilisation, 1975, p. 25); 1746 mépris de la culture (VAUVENARGUES, Réflexions et maximes ds Europäische Schlüsselwörter, Kultur und Zivilisation, 1967, p. 8); 1798 esprit sans culture (Ac.); c) 1796 traduisant le terme all. Kultur, notion proche de civilisation (Trad. de Kant ds Civilisation, le mot et l'idée, Centre international de synthèse, Paris, 1930, p. 39 : ... état de culture [lequel] n'est autre chose que le développement de la valeur sociale de l'homme); 1810 (STAËL, Allemagne, t. 1, p. 15 : Les nations dont la culture intellectuelle est d'origine latine sont plus anciennement civilisées que les autres); 1826 culture allemande (J.-J. AMPÈRE, supra); d) 1923-24 accept. ethnol. p. oppos. à la notion normative de civilisation (M. Mauss cité ds Ph. BÉNÉTON, op. cit., p. 129); 1936 plur. cultures andines (Encyclop. fr., t. VII, ibid., p. 130); 2. 1808 culture physique (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 1, p. 406), seule attest. av. 1911, v. culturiste. Empr. au lat. class. cultura [d'où a. fr. couture forme régulière] « action de cultiver la terre, agriculture » et « culture de l'esprit, de l'âme », « culte, action d'honorer, de vénérer ». II 1 c p. infl. de l'all. Kultur (v. Ph. BÉNÉTON, op. cit., p. 55 à 97; Europäische Schlüsselwörter, pp. 9-10 et 66; Civilisation, le mot et l'idée, p. 61 à 73; v. aussi LAL.). II 1 d sous l'infl. conjuguée de l'all. Kultur et de l'anglo-saxon culture, notion répandue par les ethnologues américains, cet emploi de culture s'expliquant en partie par le fait que la langue ne possède d'adj. correspondant à civilisation, ce qui a contribué à répandre l'association culture/culturel (v. Ph. BÉNÉTON, op. cit., p. 113 à 150). Fréq. abs. littér. :2 881. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 104, b) 2 325; XXe s. : a) 3 958, b) 5 977. Bbg. AC. FR. Dict. de l'Ac. Banque Mots. 1973, n° 5, pp. 101-102. — BANULS (A.). Les Mots culture et civilisation en fr. et en all. Ét. germ. 1969, t. 24, n° 2, pp. 171-180. — BOURGAUX (L.). À propos du mot culture. In : Clarté et prestige de la lang. fr. Gembloux, 1963, pp. 174-175. — DAMPIERRE (E. de). Note sur culture et civilisation. Comparative studies in society and history. 1961, t. 3, pp. 328-340. — DARM. Vie 1932, p. 51. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 68. — Mots ds le vent. Vie Lang. 1969, pp. 693-695. — VAGANAY (L. J.). Culture matérielle. Fr. mod. 1937, t. 5, p. 263.culture [kyltyʀ] n. f.❖———1 Action de cultiver la terre; ensemble des opérations propres à tirer du sol les végétaux utiles à l'homme et aux animaux domestiques. ⇒ Agriculture, exploitation (d'une terre). || La culture d'un champ, d'un verger, d'un domaine, d'une exploitation… || Travaux de culture. ⇒ Agricole (travaux, opérations agricoles). || Mettre une terre en culture, l'exploiter. — Instruments de culture. ⇒ Agricole (outillage agricole).1 Ils ont pour maxime de tirer de la culture tout ce qu'elle peut donner, non pour faire un plus grand gain, mais pour nourrir plus d'hommes.Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, IV, lettre 10.2 La moindre culture représente un effort et un plan — une prévision du lendemain (…) D'une manière générale et quasi universelle, l'homme qui cultive la terre ne la cultive pas pour lui seul, mais pour un groupe familial ou social (…) Tous les faits d'exploitation de la terre sont multipliés et perfectionnés en vue de cette fin sociale (…) Dès que les hommes veulent en effet utiliser les ressources et les richesses naturelles, ils doivent résoudre non seulement des problèmes techniques — cultures, mines, etc., — mais encore des problèmes de coordination et de subordination de leurs propres effets.Brunhes, la Géographie humaine, t. I, p. 53-55.♦ Grande, moyenne, petite culture. || Pays de petite, de moyenne culture. || Culture familiale.3 Dans la petite culture, le personnel de la ferme se compose exclusivement du cultivateur et de sa famille; la moyenne culture est celle dans laquelle les travaux exigent quelques ouvriers auxiliaires; la grande culture occupe un personnel nombreux, à raison de l'étendue de l'exploitation. On dit : pays de petite culture ou pays de grande culture, pour désigner les régions dans lesquelles l'une ou l'autre de ces situations domine.Ces expressions sont d'une très grande élasticité; mais généralement, et à part quelques exceptions, en France, la petite culture ne dépasse pas 10 hectares, la moyenne culture atteint 50 à 60 hectares, et on considère comme de la grande culture les exploitations qui sont plus vastes.Omnium agricole, p. 281.4 (…) il existe deux grands types de propriété rurale : l'une, celui de la petite propriété, se caractérise par l'adaptation des dimensions du domaine aux possibilités d'une culture familiale; l'autre, la grande propriété, implique la concentration, sur la tête d'une seule personne, d'une étendue foncière qui excède notablement les possibilités de la culture familiale.Pirou et Byé, Traité d'économie politique, t. I, p. 65.♦ Formes, méthodes de culture. || Culture irriguée. || Culture sèche. ⇒ Dry farming. || Culture de pleine terre, de plein champ. || Culture en serre. || Culture sous coffre, sous châssis, sous abri. — Culture hâtée, forcée : usage de méthodes artificielles pour obtenir des récoltes en dehors des saisons normales. || Culture intensive; culture extensive. — Culture alterne ou rotation de culture. ⇒ Assolement (cit.), 3. sole. || Cultures améliorantes, qui accroissent la fertilité du sol (opposé à cultures épuisantes). || Alternance culture-jachère ou culture sidérale. || Culture spécialisée. ⇒ Monoculture. || Cultures multiples simultanées. ⇒ Polyculture. || Culture en lignes. || Culture en billons, en planches, à plat… ⇒ Labour; façon (culturale). || Culture mécanique ou motoculture. || Frais, dépenses de culture.2 (Au plur.). Terres cultivées (→ Parcelle, cit. 1). || L'étendue des cultures. || Le bon état des cultures.5 Au Sud, la campagne bleuâtre, délicatement accidentée : fermes, coteaux, cyprès, cultures, routes étroites, et lointainement un ou deux villages.H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 147.3 Action de cultiver (un végétal), et, par métonymie, ce végétal cultivé (souvent au plur.). ⇒ Agricole (produits agricoles), plantation, plante… || Les différentes sortes de cultures. || Cultures alimentaires. || Culture des céréales; culture fruitière, culture maraîchère. — Cultures tropicales. || Cultures de plantes textiles, de plantes oléagineuses, tinctoriales. || Cultures de plantes médicinales, pharmaceutiques. || Culture florale. || Cultures industrielles. || Cultures fourragères… || Cultures dérobées : plantes qui n'occupent le sol que pendant quelques semaines, ce qui permet de les cultiver entre deux récoltes principales.6 Si l'on cherche quelles sont les cultures introduites depuis deux mille ans, on trouve à peine quelques fourrages artificiels, quelques plantes à graines aromatiques comme le caféier, et à une époque toute contemporaine, quelques lianes de caoutchouc (…) Quel maigre rapport, en comparaison de toutes ces plantes fondamentales qui ont littéralement nourri l'humanité depuis qu'elle existe : le blé, l'orge, le seigle, le maïs, le riz, la pomme de terre, le dattier, le bananier, etc. Or, toutes ces cultures de l'Ancien et du Nouveau Monde, nous sommes certains qu'elles remontent à deux mille ans et, pour plusieurs d'entre elles, nous pouvons affirmer qu'elles remontent au moins à cinq ou six mille ans.Jean Brunhes, la Géographie humaine, t. I, p. 301.7 Tout cultivateur doit pouvoir mesurer l'étendue des pièces de terre de son exploitation, ne fût-ce que pour régler convenablement l'ordre des cultures.Omnium agricole, p. 57 (→ Arpentage).8 Alfred observa les premières plantations anglaises en Malaisie et s'aperçut que la culture des hévéas, dans cette contrée, permettait d'obtenir du caoutchouc avec plus de facilité et d'abondance; on pouvait prévoir que les plantations d'hévéas en Malaisie supplanteraient les forêts du Congo.J. Chardonne, l'Amour du prochain, IV, p. 101.4 (1845, Bescherelle). Par anal. (d'après des mots comme ostréiculture, mytiliculture; → Culture). Élevage (de certains animaux fixés). || Culture des moules sur bouchots, sur pendis. || Culture des huîtres.8.1 Dès le XIIIe siècle, la culture de la moule était pratiquée sur nos côtes du Centre-Ouest (…)Louis Lambert, les Coquillages comestibles, p. 9.♦ Par ext. || Culture des perles. Loc. || Perles de culture.5 (1878). || Culture microbienne (ou bactérienne) : méthode consistant à faire croître des micro-organismes en milieu approprié; les micro-organismes ainsi obtenus. || Bouillon de culture. ⇒ Bouillon (cour et fig., et cit. 11). — Culture de tissus : multiplication de cellules provenant d'un fragment de tissu vivant, obtenue artificiellement sur des milieux nutritifs adéquats. || Mettre en culture des tissus.———II1 (1549). Développement des facultés intellectuelles par des exercices appropriés. — Par ext. Ensemble des connaissances acquises qui permettent de développer ce sens critique, le goût, le jugement (opposé à nature). ⇒ Connaissance, éducation, érudition, formation, instruction, 2. savoir, science.9 Tout ce qui flatte le plus notre vanité n'est fondé que sur la culture, que nous méprisons.Vauvenargues, Maximes, 595.9.1 Avant d'en revenir à la culture je considère que le monde a faim, et qu'il ne se soucie pas de la culture; et que c'est artificiellement que l'on veut ramener vers la culture des pensées qui ne sont tournées que vers la faim.A. Artaud, le Théâtre et son double, Idées/Gallimard, p. 9 (1938).♦ Une vaste, une haute, une forte, une solide culture. || Culture encyclopédique. || Culture superficielle. || Un vernis de culture. || Culture désintéressée. || Culture livresque. || Esprit sans culture. || C'est un homme dépourvu de culture. ⇒ Inculte.10 Et puis cette haute culture dont elles faisaient preuve, et cette parfaite aisance !Loti, les Désenchantées, XI, p. 96.11 (…) la culture désintéressée, qui leur paraît comique passe-temps d'oisifs (…)Proust, À la recherche du temps perdu, t. X, p. 219.12 Le savoir est la condition nécessaire de la culture, il n'en est pas la condition suffisante (…) C'est surtout à la qualité de l'esprit que l'on songe quand on prononce le mot culture, à la qualité du jugement, du sentiment.13 Dostoïevski est un homme de longue culture, tant par la race que par l'éducation.André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », III, p. 215.♦ (Dans un domaine particulier). || Culture philosophique, littéraire, scientifique, artistique : culture spécialisée ou technique.♦ (Caractérisant une forme de savoir institutionnalisée). || Culture scolaire (→ Capital scolaire). || Culture secondaire, supérieure, correspondant à l'enseignement secondaire, supérieur. || Culture d'autodidacte. || Culture classique (⇒ Humanités). — Culture générale, dans les domaines considérés comme nécessaires à tous (en dehors des métiers, des spécialités).14 Ce mot d'humanités, qui veut dire élégance, s'applique bien à la culture classique.France, le Livre de mon ami, p. 129.15 Sa création (du Centre Universitaire Méditerranéen à Nice) intéresse à la fois la Ville et la Nation; elle peut et doit intéresser les nations voisines; elle peut et doit servir la culture générale, favoriser les relations dont le nombre et la variété ont cette culture pour effet.Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 305.16 Remarquons que cet abaissement de la culture classique a coïncidé, chez les écrivains français, avec la découverte des grands réalistes allemands (…) Hegel et surtout Nietzsche, par le génie desquels ils ont été d'autant mieux envahis qu'en manquant de la grande discipline classique ils manquaient précisément de la vraie digue à lui opposer.Julien Benda, la Trahison des clercs, III, 3, p. 239.17 Même dans vingt, dans trente ans, il restera la preuve vivante que la plus haute culture moderne, reçue à l'abri de toute influence cléricale, non seulement n'est pas incompatible avec la foi, mais peut y ramener.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XVII, p. 122.♦ Culture de classe, propre à une classe sociale déterminée. || Culture bourgeoise. || Culture populaire. || Culture de masse, diffusée au sein d'une société par des moyens d'information massifs (mass-média) et correspondant à une idéologie. || Culture massifiée. || L'idéologie de la culture (→ Culturalisme, cit. 2.). — Accès, droit à la culture. — Loc. || Maison de la culture. ⇒ Maison.♦ (Dans une perspective marxiste, où la culture est assimilée à une idéologie propre à une classe et notamment à la classe dominante). || Culture dominante, légitime, imposée par l'institution.17.1 Le principal ressort de l'imposition de la reconnaissance de la culture dominante comme culture légitime et de la reconnaissance corrélative de l'illégitimité de l'arbitraire culturel des groupes ou classes dominés réside dans l'exclusion, qui n'a peut-être jamais autant de force symbolique que lorsqu'elle prend les apparences de l'auto-exclusion.P. Bourdieu et J.-C. Passeron, la Reproduction, p. 57.2 (1810, Mme de Staël; 1796, dans une trad. de Kant; de l'all. Kultur « civilisation », de même orig. que le franç. culture). Ensemble des aspects intellectuels d'une civilisation. ⇒ Idéologie. || La culture gréco-latine. || Culture occidentale, orientale. || La culture française. || Cultures régionales, la culture québécoise. || Culture occitane, celte. || Un fait de culture. ⇒ Culturel. || Intégrer à une culture. ⇒ Assimiler (B., 3.); acculturation. || Coexistence de deux cultures. ⇒ Biculturalisme; → Biculturel. || Contact des cultures (→ Interculturel, transculturel). — REM. Le mot, dans ce sens, ne s'est répandu en français qu'au XXe s.; l'origine allemande semble encore perçue au début du siècle.17.2 Si quelqu'un disait le mot culture, elle l'arrêtait, souriait, allumait son beau regard, et lançait : « la KKKKultur », ce qui faisait rire les amis qui croyaient retrouver là l'esprit des Guermantes.Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 1005.18 Si l'Europe doit voir périr ou dépérir sa culture; si nos villes, nos musées, nos monuments, nos universités doivent être détruits dans la fureur de la guerre scientifiquement conduite; si l'existence des hommes de pensée et des créateurs est rendue impossible ou atroce (…)Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 111.19 La guerre politique impliquant la guerre des cultures, cela est proprement une invention de notre temps qui lui assure une place insigne dans l'histoire morale de l'humanité.Julien Benda, la Trahison des clercs, I, p. 110.19.1 La culture, la civilisation ? On me posa cette question le jour où, devant les principaux magistrats des quais, des entrepôts et des phares, j'aspirai aux fonctions de surveillant du port de Hambourg. J'obtins la note 0, mais je crois cependant devoir te faire la même réponse. La culture est la superstition de la culture. Les pays de culture sont aux autres ce que sont aux vrais les champignons de culture. Au lieu de suivre les leçons et les instincts que donne le sol qui leur fournit les oranges et les pommes de terre, ils se forgent un modèle, et croient dur comme fer à la didactique.Giraudoux, Siegfried et le Limousin, p. 254.20 Nous nous apparentons ainsi à des sociétés qui ne nous sont plus contemporaines, à des formes de culture que l'Europe nordique estime lui être étrangères, mais auxquelles une secrète sympathie nous relie.Siegfried, l'Âme des peuples, III, 1, p. 49.21 Les deux termes de culture et de civilisation recouvrent des notions non pas mêlées, mais connexes, et qui procèdent étroitement les unes des autres. Suivant le pays et même suivant les individus, le sens varie. La « culture » allemande est assez voisine de ce que nous entendons le plus généralement en français par civilisation, mais on connaît des penseurs français qui utilisent le mot dans un sens proche du germanique. Pour certains, culture est entendu avec des résonances plus strictement intellectuelles : dans le sens où l'on parle de culture classique, de culture scientifique, d'homme « cultivé »; pour d'autres, il désigne une méthode, une certaine aisance que l'homme acquiert dans l'exercice de son esprit, une participation à une certaine manière de réagir et de penser (on parlera alors de « culture française »); pour d'autres, enfin, la culture est tout ce qui élargit la pensée et la conscience individuelle ou collective (on pourra dans cette acception parler de « culture politique »).Daniel-Rops, Ce qui meurt…, II, p. 58 (→ Culturel, cit. 1).3 Didact. (angl. culture; → Culturel, 3.). Ensemble des formes acquises de comportement, dans les sociétés humaines. ⇒ Culturel (3.); culturalisme. || Opposer la nature et la culture, et les cultures.21.1 (…) je venais de lire Saussure et j'en retirai la conviction qu'en traitant « les représentations collectives » comme des systèmes de signes on pouvait espérer sortir de la dénonciation pieuse et rendre compte en détail de la mystification qui transforme la culture petite-bourgeoise en nature universelle.R. Barthes, Mythologies, p. 7.4 (1808). || Culture physique : développement et entretien méthodiques du corps par des exercices appropriés et gradués. ⇒ Culturisme, éducation (physique), gymnastique. || Faire de la culture physique. || Séances de culture physique.22 Pourquoi avez-vous pris comme dérivatif à votre douleur la culture des muscles, qui tuera en vous ce qui seul peut vous sauver ?Loti, Aziyadé, Eyoub à deux, XL, p. 135.23 Heureusement la culture physique semblait depuis quelque temps devoir le dispenser du régime.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XI, p. 148.❖CONTR. (Du sens I) Friche, jachère. — (Du sens II) Ignorance; béotisme, rusticité. — (Des sens I et II) Inculture.DÉR. Cultural, culturaliser, culturel, culturisme, culturiste.COMP. V. Agriculture, contre-culture, cyberculture, inculture et les comp. en -culture.
Encyclopédie Universelle. 2012.